Un film de Giulio Ricciarelli
Avec : Alexander Fehling, André Szymanski, Friederike Becht, Gert Voss…
2014, Allemagne, durée : 120 mn
Allemagne 1958 : un jeune procureur découvre des pièces essentielles permettant l’ouverture d’un procès contre d’anciens SS ayant servi à Auschwitz. Mais il doit faire face à de nombreuses hostilités dans cette Allemagne d’après-guerre. Déterminé, il fera tout pour que les Allemands ne fuient pas leur passé.
UN PROCÈS POUR L’HISTOIRE
Par Vital Philippot, rédacteur en chef du site Zérodeconduite.net
Le 27 janvier 2015, l’Allemagne a commémoré aux côtés des expays de l’Alliance atlantique le 70e anniversaire de la libération du camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau par l’Armée rouge. Le président de la République Joachim Gauck, la chancelière Angela Merkel, le président du Bundestag Norbert Lammert se sont succédés lors des cérémonies pour marteler la « responsabilité éternelle » de l’Allemagne dans le génocide des Juifs d’Europe, et rappeler leur volonté que l’Allemagne soit à jamais la garante de la mémoire de la Shoah.
Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi : au début des années 60 en République fédérale allemande, rares sont les citoyens qui ont conscience de l’étendue des crimes commis sous le IIIe Reich. Auschwitz ? Un camp de prisonniers, comme il y en eut dans tous les pays. Les nazis ? Ils n’ont fait qu’obéir aux ordres. Le procès de Nuremberg ? Des vainqueurs jugeant les vaincus. Alors que l’épouvantail communiste a remplacé celui du nazisme (le Mur de Berlin est construit en août 1961), et tandis que le « miracle économique » invite à se tourner vers l’avenir, la plupart des Allemands n’ont aucune envie de remuer les fantômes du passé.
C’est à cette lourde chape d’ignorance et de refoulement que vont s’attaquer les héros du Labyrinthe du silence. Sous la forme d’une fiction très documentée, le film de Giulio Ricciarelli raconte les mois d’enquête et d’instruction qui ont permis à ce procès décisif pour l’histoire allemande de se tenir : le recueil des dépositions des témoins (qui pour la plupart n’avaient encore jamais raconté leur déportation), la traque méticuleuse des anciens nazis, qu’ils soient bien insérés dans la société allemande ou en fuite (comme Eichmann, finalement jugé par les Israéliens à Jérusalem), l’invention d’un cadre juridique permettant à un pays de juger ses propres criminels de guerre…
Il montre aussi, à l’image du héros Johann Radmann (synthèse fictive de plusieurs membres de l’équipe de Fritz Bauer), le vertige qui saisit cette jeune génération devant l’horreur des crimes commis par ses pères, et devant l’immense culpabilité dont elle va hériter. Après les procès de Francfort, qui démonteront patiemment les rouages effroyables de la machine de mort nazie, plus aucun allemand ne pourra dire : «Je ne savais pas».
Dossier pédagogique
Enseignants, retrouvez en ligne un dossier pédagogique (Histoire, Allemand, Lycée) sur le film: www.zerodeconduite.net/lelabyrinthedusilence
Horaires au 400 Coups d’Angers en VO : voir Agenda franco-allemand
Sur la même thématique du point de vue français voir aussi le livre « Mémoires » de Beate et Serge Klarsfeld